Les ravages de
l'agriculture et de l'élevage productivistes... |
Les Français aiment penser qu'ils ont la
chance de mieux manger que les autres. C’est sans doute en
partie vrai au regard de leur richesse culinaire, de leurs grands
chefs, des pays du tiers-monde ou, à l’inverse, de certains pays
anglo-saxons, mais c’est faux au regard de leurs voisins européens
où les produits frais sont davantage utilisés et généralement de
meilleur qualité !
Les raisons sont multiples mais nous pourrions suggérer deux
éléments de réponse. Premièrement, la France est le premier
consommateur de pesticides en Europe et le troisième au monde,
derrière les Etats-Unis et la Chine avec près de 80 000 tonnes en
2005. Cocorico ! Deuxièmement, la France est l’un des pays les
plus maillé au monde en terme de super et d’hypermarchés : pour
1 million d’habitants, il y a 2 GMS (Grandes et Moyennes Surfaces)
en Italie, 3 en Espagne, 13 en Allemagne et au Royaume-Uni et 15 en
France… Re-cocorico !
Si le coq Gaulois chante si fort, ne serait-ce pas afin de nous
réveiller ? Pour attirer notre attention sur le sort de ses
congénères des élevages industriels par exemple. Qui continuerait
à consommer de la viande après avoir visité un élevage «
concentrationnaire » ?
A défaut de cette visite
nauséabonde, vous pouvez toujours visionner les excellents petits
films d’animation The Meatrix :
http://www.themeatrix.com
En France, premier producteur
européen, « environ 80% des 830 millions de poulets de chair sont
élevées intensivement, dans des hangars où peuvent être entassés de
10 000 à 100 000 animaux. On compte 15 à 24 poulets par m2. Les
poulets sont abattus à environ 40 jours, c’est-à-dire deux fois plus
jeunes qu’il y a 30 ans. Les animaux n’ont jamais accès à un
parcours extérieur. La litière devient vite exécrable, saturée
d’excréments et dégage une forte odeur d’ammoniac. […] Leurs muscles
se développent rapidement, mais le cœur, les poumons et les os ne
suivent pas leur évolution. De fait, des millions de poulet
souffrent de douloureuses déformations des pattes ou de paralysies.
[…] » précise Ghislain Zuccolo de l’association PMAF (1) Et il
en va bien sûr de même pour les porcs « castrés sans anesthésie
», les veaux « séparés de leur mère un ou deux jours après leur
naissance » ou les vaches laitières…
Soumis à un stress permanent, privés de confort, de soleil et
d’aliments décents, les animaux élevés de façon intensive sont
gavés d’antibiotiques qui se retrouvent dans nos assiettes et
participent à la résistance des bactéries. Jusqu’en 2004, date à
laquelle la Commission européenne prit de sévères mesures de
restriction – mais la France est mauvaise élève – l’usage agricole
représentait près de 60% de l’utilisation des antibiotiques en
France ! (2) « Ce système bien plus coûteux qu’il n’y paraît pour
la société, dévoreur d’énergie fossile, irrespectueux envers les
animaux, destructeur d’emplois, présente beaucoup d’inconvénients.
Même son avantage supposé, à savoir fournir une alimentation à bas
prix, est biaisé. Combien coûtent en effet au citoyen les pollutions
qu’il entraîne, les problèmes de santé qu’il provoque, le chômage
qu’il induit ? » s’interroge Joseph Pousset. (3)
En attendant qu’un véritable « éthiquetage » apparaisse sur les
emballages, il nous revient donc de faire l’effort du décryptage et
de nous poser quelques questions:
►
Quelle est la vraie traçabilité de cette viande
(manipulations) ?
► Ai-je besoin d’en consommer
autant ? (utilité)
► Quelles ont été les
conditions de vie de l’animal ? (éthique)
► Quelles répercussions sur
l’environnement (écologisme) ?
► Quel coût pour la société ?
(financier)
... matières
premières de l'industrie! |
« Actuellement, avec l’industrialisation, on fait de la
cuisine avec seulement les nutriments les plus rentables : le
sucre, la graisse, le sel, qui se conservent bien, ne valent rien
sur le marché mondial et sont d’accès facile. […] Ce qu’on mange
contient de moins en moins d’éléments protecteurs naturels […] d’où
de nombreuses pathologies » met en garde Christian Boudan (4)
Cette modification des habitudes alimentaires remonte au XIXe
siècle. Le Dr Catherine Kousmine nous explique le processus : «
Au moment des guerres napoléoniennes et du blocus continental, le
sucre de canne ne parvint plus en Europe. Napoléon encouragea
grandement la production du sucre blanc que des chimistes allemands
avaient extrait de la betterave. Cependant […] le produit obtenu
était d’un goût désagréable. Il fallut le purifier […] Mais, lors de
ces purifications successives, toutes les substances minérales,
toutes les vitamines qui accompagnent le sucre et en permettent
l’emploi par la plante, furent éliminées. On obtint une substance
chimiquement pure, donc morte, d’un goût certes agréable, mais
uniquement porteuse de ce qu’on nomme aujourd’hui des calories
vides. » (5)
Même punition pour la farine complète avec l’apparition des
meuneries modernes : sous prétexte que la farine raffinée se
conservait mieux et facilitait le travail du pain (bref : était plus
rentable !), meuniers et boulangers ont commencé à nous servir des
pains joliment blanc mais déficients en vitamines et sels
minéraux. Et nous de les accueillir comme un progrès par rapport
au pain brun de nos ancêtres !
Entre le sucre, le sel, les pâtes, le pain, la farine et les huiles
extraites à chaud, nous sommes cernés par les aliments raffinés…
qui n’ont de raffiné que le nom ! Utiles par le passé dans les
périodes de disette (puisque stockables sur de nombreux mois), ces
aliments dénaturés se révèlent aujourd’hui surtout très rentables
pour les industriels qui en usent et abusent pour leurs petits
plats… au détriment à long terme de notre santé.
Grâce aux produits industriels, il est donc possible de vivre
dangereusement. Nous exagérons un peu, bien sûr : nul besoin de
prendre une assurance vie avant de déguster un plat cuisiné ! En
règle générale, les produits industriels renfermeront toutefois
davantage de chimie et moins de nutriments que les produits frais.
Ils possèderont aussi un indice glycémique (IG) plus élevé.
Arrêtons-nous deux minutes sur ce nom barbare. L’indice glycémique
est lié à la mesure du taux de glucose sanguin : un aliment
possédant un IG élevé (supérieur à 70) provoquera une montée rapide
du glucose dans le sang (on parle ainsi de « sucre rapide ») et la
production d’insuline dans le pancréas (le « pic d’insuline ») pour
tenter de résorber ce trop plein de sucre. Si l’insuline réussit son
travail, le taux de sucre chutera alors fortement, avec le risque de
se trouver en hypoglycémie et l’envie de manger à nouveau. Mais à la
longue, surtout si l’alimentation est pauvre en fibres, le pancréas
se fatigue et une résistance à l’insuline se développe. Le terrain
est alors propice au développement du diabète et de la surcharge
pondérale, avec un risque accru de maladies cardio-vasculaires
et de cancer. Les graisses ont été victimes d’une injustice : ce
sont les sucres raffinés les coupables ! Voici, par ordre
d’importance décroissante, quelques IG d’aliments :
►
Aliments à IG très élevés (autour de 100): glucose, riz précuit
instantané, confiserie, corn-flakes, pommes de terre en purées,
miel, carottes,…
►
Aliments à IG élevés (plus de 70) : soda, barre chocolatée,
viennoiseries, baguette, flan, sucre blanc, pizza au fromage,
flocons d’avoines, pâtisseries, riz blanc, pain complet, frites,
muesli, riz complet, bananes, jus d’orange,…
►
Aliments à IG faibles ou modérés (moins de 70): chocolat noir,
pâtes, fruits, légumes (frais ou secs), pomme de terre, patate
douce, yaourt nature, lait, fructose, aromates, cacahuètes (non
salées),…
Tout n’est évidemment pas à jeter dans les aliments à IG élevés : le
miel, par exemple, peut être très bénéfique à doses raisonnables.
Malgré une forte teneur en glucide, il a une moindre incidence sur
la glycémie que les sucres simples du fait de sa teneur élevée en
fructose. De même, il n’y a pas de problème à se faire plaisir de
temps en temps. Ce sont à nouveau les abus qui sont à corriger… et
dieu sait s’il y en a : l’obésité tue davantage en France que les
accidents de la route et le sida réunis !
Remarquons aussi, avec l’exemple des pommes de terre, que le type de
cuisson a une incidence importante sur l’IG des aliments, avec une
préférence pour la cuisson à la vapeur. De même, plus l’aliment est
fractionné et plus l’index augmente : si la pomme de terre cuite
dans sa peau a un IG de 56, les frites sont à 75 et la purée à 98 !
Vous souhaitez maigrir ? Selon le magazine Pratiques de santé
qui a passé les principaux régimes en revue , les seuls à atteindre
le « tableau d’honneur » sont les régimes Montignac et IG Minceur.
(6) Leurs principes majeurs ? Tout simplement limiter les aliments à
IG élevés !
Sources:
(1) Ghislain Zuccolo, Les coulisses de l’élevage moderne, Biocontact
N°166, Février 2006, p.62 / http://www.pmaf.org
(2) Jean-Claude Jaillette, Malbouffe : Alerte rouge sur le porc,
Marianne N°512, 10 février 2007, p. 36
(3) Joseph Pousset, Des animaux malades de la « civilisation »,
Biocontact N°163, Novembre 2006, p.74
(4) Christian Boudan, Géopolitique du goût, La guerre culinaire, PUF
(5) Dr Catherine Kousmine, Soyez bien dans votre assiette jusqu’à 80
ans et plus, Tchou, 1980, p. 29
(6) Dr Bauplé et Vittoria Sigel, Régimes : la grande illusion,
Pratiques de Santé N°75, 15 janvier 2008, p. 6
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